L'énorme plouf du « patron » du Parti populaire

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Vendredi 31 mai 2019


ÉLECTIONS 2019 – C'est une déroute en rase campagne. Déjà famélique, le Parti populaire (PP) perd son seul élu au Parlement fédéral. Il est rayé du paysage politique fédéral et régional. Son président, Mischaël Modrikamen, quitte un parti mort-vivant. Tout comme ses principaux concurrents « à la droite de la droite » – LA FIN DES NATIONAUX-POPULISTES EN BELGIQUE FRANCOPHONE ?

Le PP a réalisé un « exploit » peu banal. Il est le seul parti de droite extrême en Europe à se crasher, jusqu'à disparaître des radars. Le PP est partout en débandade. Il boit la tasse à Bruxelles, en Wallonie, même dans les rarissimes cantons - Dison, Verviers, Charleroi...- où il avait fait élire, lors du scrutin d'octobre 2018, une poignée de conseillers communaux.


Les électeurs fuient en masse le PP
En Wallonie et à Bruxelles, le PP obtient 75.096 voix pour le scrutin à la Chambre, soit une perte de 26.000 voix par rapport aux élections de 2014. Un électeur du PP sur quatre a déserté la formation de Modrikamen. Humiliation suprême, dans la circonscription de Liège, le fief de son unique député sortant, Aldo Carcaci, le PP perd un électeur sur trois. Dans la circonscription du Hainaut, où Modrikamen tirait la liste, le PP perd également 25% de ses électeurs. Un désaveu personnel pour son peu charismatique président. Autre claque : au scrutin régional bruxellois, le PP (1,71%) est devancé par les Listes Destexhe (2,63%), et fait à peine mieux que le parti DierAnimal (1,3%).

N'en jetez plus, la coupe est vide ! Avec de tels résultats insignifiants, le PP n'a plus aucun élu. Même à Bruxelles, où le PP avait formé un « groupe technique » avec les Listes Destexhe pour tenter de franchir, en additionnant leurs votes, le seuil électoral de 5%. C'est raté, les deux partis n'obtiennent, en scores cumulés, qu'un petit 4,3% des voix. 


Folie des grandeurs
Le constat de faillite est d'autant plus dur à digérer que Mischael Modrikamen avait la folie des grandeurs. A quatre jours du scrutin, il déclarait à Sudpresse : « Le PP vous réserve une belle surprise ». Il détaillait ses pronostics : « Je nous vois obtenir 7,5% des voix en Wallonie, deux sièges à la Chambre, deux au parlement wallon et deux à Bruxelles ». Au final, ce sera un triple zéro.

Mischaël Modrikamen roulait des mécaniques. Il se flattait d'être un proche de Steve Bannon, l'ancien conseiller de Donald Trump. L'obsession de Bannon : fédérer toutes les droites extrêmes du vieux continent. Modrikamen est aux anges, il rencontre du beau monde, le sulfureux Matteo Salvini, sa désormais camarade, Marine Le Pen... Il devient l'un des piliers du « Mouvement », l'organisation créée en 2017 par l'intriguant Bannon pour booster les populistes européens de droite les plus véhéments. Le « petit avocat » belge donne des interviews à des dizaines de médias internationaux, il plane, il sent son heure de gloire arrivée. Il n'en doute pas, il sera la révélation du scrutin, la greffe de droite – très - dure va enfin prendre en Wallonie et à Bruxelles.


De plus en plus microscopique
Le retour sur terre est brutal. Une fois de plus, le PP se plante. Créé il y a une décennie, ce parti reste microscopique. Pire, il régresse de scrutin en scrutin. Les communales de l'an dernier avaient été une énorme déception. L'élection de 2019 est cauchemardesque pour son président. Logiquement, après une telle déroute, Mischaël Modrikamen a quitté le PP , sans pour autant le dissoudre, pour l'instant du moins.

Le PP devient une coquille vide. En fait, il l'a pratiquement toujours été, incapable de séduire au-delà d'une frange ultra-minoritaire de l'électorat francophone. Interviewé après le scrutin, Mischaël Modrikamen a expliqué sa défaite par « une mascarade électorale » - il se plaint d'un boycott des médias - et « la concurrence des Listes Destexhe ». Facile. Et largement faux.

Le PP a fait peur à l'électeur francophone
Le PP a joué sur les peurs d'une partie de l'électorat. Il a tenté de le séduire en agitant le chiffon rouge de l'immigration, de l'islam conquérant et de l'insécurité dans les quartiers. Son organe médiatique – le web-journal 'Le Peuple' – a fait tourner en boucle des clichés représentant des hordes de « barbus » menaçants. Le discours est devenu de plus en plus caricatural et exalté. Modrikamen et ses – maigres – troupes se sont tellement radicalisés qu'ils ont fini par faire peur à l'électeur francophone, qui a perçu le PP comme un vrai repoussoir. 

La preuve est faite qu'il n'y a pas de place, en Belgique francophone, pour un parti de droite extrême, bien plus radical que la NV-A, jusqu'à flirter avec les « pointures » de l'extrême droite européenne. Lesprincipaux concurrents du PP, le parti La Droite et les Listes Destexhe, mordent également la poussière. La droite populiste est balayée dans le sud du pays. Ses restes seront rangés au-dessous des placards de l'Histoire politique contemporaine.

Cruel paradoxe pour le PP : il voulait faire des voix à droite en attisant les peurs, c'est lui qui est devenu effrayant, et a fait fuir ses électeurs potentiels. Modrikamen s'est jeté dans les bras de tous les marchands de haine : Salvini, Le Pen, Bannon... Il récolte ce qu'il a semé. Non seulement une défaite cuisante, mais aussi un complet déshonneur.


CLAUDE DEMELENNE

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite



Septembre 2009, le premier article de RésistanceS sur le Parti populaire de Mischaël Modrikamen. 








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© Article du journal en ligne RésistanceS| Bruxelles | Vendredi 31 mai 2019